L'Enchanteresse aux Pièces de Ōgi
On raconte qu'au Japon, dans la région du Kansai, lorsque la pleine lune brille haut dans le ciel, une femme aux charmes ensorcelants fait son apparition, attirant les passants égarés.

Belle et mystérieuse,
drapée dans un kimono couleur de nuit profonde,
elle séduit les infortunés en leur suggérant perfidement de jouer.
On la surnomme 駒妖
.
Ceux qui acceptent son invitation se retrouvent emportés dans un labyrinthe insaisissable de manœuvres et de calculs. À mesure que la partie progresse, une lassitude insidieuse s'empare de ses adversaires : l'attente s'étire entre chaque coup, le jugement se brouille, la fatigue s'insinue jusqu'aux os et finit par les conduire vers un sommeil aussi profond qu'immuable.
On dit que, lorsqu'un homme est retrouvé au matin devant un shōgiban, presque toujours s'y trouve une pièce de ōgi : la Princesse (姫).
Certains pensent que, durant le repos abyssal de ses victimes, Komayō s'empare de leur énergie vitale, et que leurs âmes deviennent alors des yūrei, condamnées à l'errance. Hantées par le souvenir envoûtant de cette créature et par l'espoir vain de poursuivre la partie, elles reviennent nuit après nuit au même endroit, où plus personne ne les attend, prisonnières d'une quête inachevée et d'un rêve déchu.