Partie pour l'Éternité
Cette histoire vient d'une amie qui bossait de jour dans un net café de Shinsaibashi, celui du quatrième étage de la galerie commerciale, en face de la sortie nord du métro. Elle l'a racontée le matin de sa démission, dans un bar à ramen du quartier coréen.

C'était pendant la vague de chaleur de l'été dernier. Un des habitués était informaticien, la cinquantaine. Il avait perdu son emploi six mois plus tôt, et depuis, il vivait sur place et prenait des missions en ligne pour survivre. Quelqu'un de très discret, toujours impeccable malgré sa situation — chemise blanche repassée, costume un peu usé mais soigné.
Cette nuit-là, vers , une cliente est entrée — grande, élégante, en kimono bleu. Vraiment pas le genre qu'on croise d'habitude. Comme il y avait du monde bruyant près de l'entrée, la collègue du service de nuit l'a installée tout au fond, dans le box juste à côté.
Le lendemain matin, quand mon amie est arrivée, c’est elle qui l’a trouvé. Il était affaissé sur son clavier, le visage étrangement paisible. Sa main, encore posée sur la souris, complètement figée.
Elle a d'abord cru qu'il dormait.
Sur son écran,
il y avait une partie de ōgi.
La fenêtre de chat affichait le dernier message —
おやすみ~
—
laissé par komayo à 4h17.
Elle a vérifié le registre :
ce pseudo correspondait au nom de la femme en bleu,
駒妖.
Déjà repartie.
L'informaticien avait perdu au temps.
Et mon amie, elle a démissionné le jour même.